Est-ce une évidence pour les nouvelles générations d’acheter sa résidence principale ?
Par Christophe Tunica
Si la pierre a toujours été une valeur refuge et continue à l’être, le précepte selon lequel il faut acheter sa résidence principale le plus tôt possible est aujourd’hui de plus en plus nuancé… Changement de paradigme générationnel, plus grandes diversités de supports d’investissements, on fait le tour de la situation.
Devenir propriétaire de sa résidence principale le plus jeune possible ?
Ce qui était le mot d’ordre de nos parents et grands parents n’est plus celui des millénials… Les assertions du type « Il faut avoir son propre toit le plus tôt possible » ou « Il est idiot de jeter l’argent du loyer par les fenêtres »; ont laissé la place à d’autres types de pensées, qui, en privilégiant le coopératif à l’individualisme érodent petit à petit l’instinct de propriété : exister ne rime plus avec posséder ! Cela ne signifie pas, bien sûr que les membres des jeunes générations sont tous contre l’idée d’acquérir leur résidence principale, mais, le déclic est souvent moins prégnant, ou beaucoup plus tardif. Et cela, non seulement parce que « devenir propriétaire à tout prix » n’est plus une priorité, mais aussi à cause de nombreux facteurs extérieurs, tels que, par exemple :
- Une arrivée plus tardive dans le monde professionnel : la vie étudiante dure beaucoup plus longtemps qu’avant. Par ailleurs, lors de l’entrée sur le marché du travail, la génération Y assume une recherche de flexibilité qui conduit de plus en plus à l’entreprenariat, ou un besoin de souplesse qui pousse à changer plusieurs fois de lieu géographique, ou encore de métier,… Tout cela entrave la vision de long terme qui accompagne souvent l’achat d’une résidence principale ( et tout ce que cela induit : les échéances de prêt, les frais de notaire, les charges de copropriété etc.)… Autant louer sa résidence principale, payer un loyer et rester libre de bouger à satiété !
- Une stabilité personnelle également plus longue à s’établir : la vie personnelle est aussi devenue plus chaotique aussi qu’avant. On change plus facilement de partenaire, le mariage n’a plus le vent en poupe, et le taux de divorce ne cesse d’augmenter. Selon une étude de l’INSEE consacrée au couple et la famille, les ruptures auraient augmenté de 63% sur les quinze dernières années… Ce qui n’aide pas à se projeter dans la construction d’un foyer dont le premier acte serait l’achat de sa maison, en contractant un crédit immobilier sur 20 ans, voire plus…
- Une baisse de la sécurité de l’emploi et du pouvoir d’achat : même lorsqu’un jeune actif a des velléités de se mettre au service d’une entreprise sur le long terme pour y faire carrière, le contexte économique actuel, qui fragilise jusqu’aux plus solides d’entre elles, peut venir contrarier ses projets. Dans le même temps, on constate une évolution des salaires qui n’est plus du tout alignée sur l’inflation galopante du marché immobilier, réduisant ainsi les capacités d’emprunt et faisant apparaitre les prix de l’immobilier sous un angle quasi exorbitant… Ainsi, même si emprunter n’a jamais coûté aussi peu cher, l’exigence des banques qui s’accroit en terme d’apport, et le manque de visibilité sur leurs trente prochaines années, freine les jeunes dans leurs envies de s’engager.
La tentation de profits plus sûrs, plus immédiats…Et plus étiques
Investir dans la pierre et devenir propriétaire, sans pour autant s’endetter sur vingt ou trente ans pour acheter sa résidence principale, c’est possible ! En effet, avec la « pierre papier » on se constitue un patrimoine, sans forcément détenir sa résidence principale… Ainsi les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) permettent de s’affranchir des contraintes et du coût qu’engendrent l’achat d’un bien, sa gestion, son l’entretien. Il s’agit d’acquérir des parts d’un patrimoine immobilier sans avoir à placer des sommes trop importantes et en investissant dans un produit financier qui affiche des taux de rendements en constante progression (1.000 € suffisent pour investir dans l’immobilier via les SCPI !).
Autre placement ayant le vent en poupe chez les jeunes : les cryptomonnaies. Selon un sondage réalisé par la Banque Migros, il s’agit de l’un des placements les plus populaires chez les jeunes générations. Plus d’une personne sur sept de moins de 30 ans souhaiterait ainsi investir dans des crypto-monnaies avec, en tête, bien sûr le fameux Bitcoin et ses promesses de rendements aussi rapides qu’importants.
Enfin, certes moins rentables mais plus en adéquation avec leurs nouvelles aspirations, les placements dit « responsables » ont aussi la côte chez les millénials. L’absence de risque et le coté étique du LLDS (Livret de développement durable et solidaire), compense par exemple, son manque de rentabilité (environ 0,5%), mais attention, pour l’heure, son plafond est de 12 000 €.